En résumé
• Marseille limite les locations Airbnb à 90 jours/an pour freiner la crise du logement.• Amende jusqu'à 15 000€ pour non-respect; mesures déjà en place contre les meublés touristiques.
• Décision contestée; impact incertain sur l'économie locale et le marché immobilier.
Marseille est confrontée à une crise du logement sans précédent. Entre explosion des prix de l’immobilier, pénurie de logements accessibles et multiplication des meublés touristiques, la municipalité a décidé d’agir avec une nouvelle réglementation plus stricte.
Une annonce qui ne fait pas l’unanimité et qui relance le débat sur l’encadrement des locations de courte durée. Selon Actu Marseille, cette mesure marque un tournant dans la politique municipale.
Une réduction du nombre de jours autorisés
Jusqu’à présent, les propriétaires marseillais pouvaient louer leur résidence principale jusqu’à 120 jours par an via des plateformes comme Airbnb. Mais la mairie a décidé de ramener cette limite à 90 jours, soit trois mois par an seulement.
Cette décision, rendue possible par une loi votée en novembre 2024, vise à limiter l’expansion des meublés de tourisme, accusés d’aggraver la crise du logement.
Le maire Benoît Payan assume pleinement cette mesure et se veut intransigeant : « J’ai toujours dit qu’à Marseille, nous aurons la réglementation la plus stricte et la plus forte de France pour lutter contre les meublés de tourisme. Avec cette nouvelle mesure, nous franchissons une étape supplémentaire et nous nous en rapprochons. »
Des sanctions financières renforcées
Les propriétaires qui ne respecteront pas cette nouvelle limitation s’exposent à une amende pouvant atteindre 15 000 euros. Une somme dissuasive qui montre la volonté de la mairie de mettre fin aux abus.
À Marseille, la municipalité avait déjà pris d’autres mesures ces dernières années :
- Interdiction des boîtes à clés pour limiter les locations illégales,
- Taxe de séjour plus élevée pour les meublés de tourisme,
- Suppression des annonces non conformes,
- Encadrement des changements d’usage des logements en meublés touristiques.
Mais est-ce suffisant pour contrer la flambée des prix de l’immobilier et le manque de logements disponibles ?
Marseille en crise : 40 000 logements insalubres, des milliers de demandes en attente
La ville est confrontée à un grave problème de logement. Selon les données de l’Insee et de la Fondation Abbé Pierre, Marseille compte environ 40 000 logements insalubres et des milliers de demandes de logements sociaux restent sans réponse chaque année.
Le phénomène Airbnb est-il vraiment responsable de cette situation ? Selon un rapport de l’Observatoire des Loyers, les prix de l’immobilier à Marseille ont augmenté de plus de 30 % en cinq ans, notamment dans les quartiers prisés par les touristes comme Le Panier, le Vieux-Port et les Catalans.
À titre de comparaison, Paris a imposé une restriction similaire à 90 jours, mais cela n’a pas empêché les prix de l’immobilier de continuer à grimper.
Des conséquences sur le tourisme et les petits propriétaires
Si la mairie veut protéger l’accès au logement pour les habitants, cette décision pourrait aussi affecter l’économie locale. Marseille attire plus de 5 millions de visiteurs par an, dont une grande partie opte pour des logements Airbnb plutôt que des hôtels, souvent plus chers.
En réduisant l’offre de locations de courte durée, la ville pourrait voir certains touristes se détourner vers d’autres destinations, au profit de villes où la réglementation est plus souple.
Les propriétaires de meublés touristiques, eux, dénoncent une chasse aux sorcières qui pénalise ceux qui cherchent simplement un complément de revenu. Pour certains, l’encadrement strict pourrait même les pousser à revendre leurs biens, ce qui aurait un effet imprévisible sur le marché immobilier.
Une solution ou un simple effet d’annonce ?
La question reste entière : ces nouvelles restrictions vont-elles réellement améliorer la situation du logement à Marseille ou ne sont-elles qu’un coup de communication de la mairie pour répondre à la pression populaire ?
Le débat est loin d’être clos, et les prochaines années permettront de voir si cette décision a un impact réel sur le marché locatif. Une chose est sûre, cette mesure ne fait pas que des heureux et risque de raviver les tensions entre municipalité, propriétaires et acteurs du tourisme.