En résumé
• L'air de montagne est moins pollué mais pas exempt de pollens et pollution piégés.• L'altitude réduit les pollens, mais les saisons décalées et conditions météo influent.
• Les allergènes de montagne, comme moisissures et arnica, posent aussi des risques.
Quand le printemps pointe son nez, de nombreuses personnes allergiques aux pollens cherchent à fuir la densité des zones urbaines pour se réfugier en montagne. La promesse : un air pur, loin des pollens de plaine et des irritants urbains. Mais est-ce vraiment la solution miracle pour soulager les symptômes ? Entre réalité et idées reçues, il est temps de faire le point sur l’efficacité de cette échappée en altitude.
« L’air pur » des sommets est-il un doux rêve ?
L’un des arguments les plus répandus pour inciter les allergiques à partir en montagne est la pureté de l’air. En effet, dans les zones les plus hautes, la pollution atmosphérique est bien moins présente qu’en plaine. Moins de particules fines, moins de gaz irritants, un environnement en théorie plus sain. Et si cette « pureté » était la clé pour apaiser les allergies ?
La réalité est un peu plus nuancée. Si, effectivement, la montagne bénéficie d’une qualité d’air supérieure à celle des zones urbaines, certaines vallées peuvent piéger la pollution et les pollens. En l’absence de vent, ces derniers peuvent s’accumuler dans les zones basses des montagnes. Quant aux stations touristiques populaires, elles ne sont pas exemptes des nuisances liées à la circulation automobile, au chauffage et à la fréquentation intense. Selon l’Agence Européenne de l’Environnement, 30 % des stations de montagne les plus visitées sont touchées par une pollution atmosphérique similaire à celle des grandes villes. L’air est effectivement moins pollué, mais pas toujours aussi pur qu’on l’imagine.
Moins de pollens, vraiment ?
L’argument selon lequel l’altitude permet d’échapper aux pollens de printemps fait souvent rêver les allergiques. Il est vrai que, au-delà de 1 500 mètres, la concentration de pollens chute considérablement. À 2 000 mètres, cette concentration peut être jusqu’à 10 fois plus faible qu’en plaine. Un véritable soulagement pour les personnes sensibles aux allergènes comme le bouleau ou certaines graminées.
Cependant, cette baisse n’est pas aussi simple qu’une règle générale. En montagne, les saisons sont décalées par rapport à la plaine. Ainsi, si un pic de pollen se produit fin mars en ville, il peut survenir un mois plus tard en altitude. De plus, la floraison dépend des conditions météorologiques : un redoux soudain peut faire éclore les pollens en quelques jours. Autrement dit, même en altitude, l’évasion n’est pas garantie, et tout peut dépendre du moment choisi pour se rendre en montagne.
Attention, la montagne cache d’autres allergènes
Les pollens des plantes de montagne ne sont pas les seuls responsables des allergies. Les personnes sensibles aux moisissures, aux acariens ou aux poils d’animaux peuvent également subir des réactions même à haute altitude. En montagne, des plantes comme l’arnica ou l’ambroisie de montagne peuvent être à l’origine de symptômes similaires à ceux des allergies printanières.
De plus, l’altitude a un effet particulier sur le corps des non-habitués. Ces derniers peuvent avoir une réaction plus forte aux pollens d’altitude, qui, bien que moins fréquents, sont parfois plus agressifs pour l’organisme. Une étude de l’Institut de Recherche en Biologie Moléculaire révèle que 18 % des personnes non habituées à l’air d’altitude souffrent de symptômes plus graves après quelques jours d’exposition aux pollens montagnards.