Hendaye en guerre contre les avions : les riverains exigent la fermeture de l’aéroport de Saint-Sébastien

C’est un cri de détresse, une agitation qui s’intensifie dans l’air de la Côte basque. D’un côté, la beauté des paysages, l’attrait touristique de la région ; de l’autre, une nuisance devenue insupportable. Chaque jour, des avions vrombissent au-dessus de la ville d’Hendaye, perturbant la tranquillité de ses habitants. Des riverains, exaspérés, demandent aujourd’hui la fermeture de l’aéroport de Saint-Sébastien, situé à Fontarabie, non loin de la frontière franco-espagnole. Une lutte contre les nuisances sonores et les risques sanitaires qui agite la petite commune.

Des survols incessants : un calvaire quotidien pour les riverains d’Hendaye

Depuis 1953, les avions en provenance ou à destination de l’aéroport de Saint-Sébastien, à Fontarabie, sillonnent le ciel d’Hendaye. Si, au début, ce bruit semblait faire partie du paysage local, il est désormais perçu comme une intrusion constante dans la vie des habitants. À Hendaye Plage, les avions passent si près des balcons qu’il devient difficile d’échapper à leur vacarme. Chaque jour, en haute saison, ce sont jusqu’à 24 passages par jour pour les riverains comme Paco Durandeau. L’ingénieur, excédé, a décidé de prendre les choses en main en lançant une pétition intitulée « Stop aux survols de l’aéroport de Saint-Sébastien ». Mais ce n’est pas seulement le bruit qui est problématique : la question sanitaire se pose également.

Les risques sanitaires et écologiques : la bataille des riverains prend une tournure sérieuse

Les conséquences de ces survols incessants ne se limitent pas aux nuisances sonores. Jean-Marc Idrac, médecin généraliste et signataire de la pétition, alerte sur les effets néfastes pour la santé des habitants. « C’est une urgence sanitaire », déclare-t-il. En plus de l’exposition au bruit, les riverains sont également confrontés à des risques liés à la pollution atmosphérique. Les moteurs des avions, qui passent à faible altitude, émettent des polluants, et le kérosène déversé dans l’air contribue à une dégradation de la qualité de l’air. À cela s’ajoute une pollution visuelle, notamment avec les avions qui passent à quelques centaines de mètres des habitations, rendant la vie quotidienne de plus en plus difficile pour ceux qui vivent sous cette route aérienne.

Par ailleurs, l’écosystème local, notamment la baie de Txingudi, est également menacé. Ce site protégé, habitat de plus de 250 espèces d’oiseaux, voit de nombreux migrateurs s’envoler vers d’autres destinations à cause du bruit incessant des avions. L’impact sur la biodiversité est donc bien réel, et plusieurs écologistes, comme Patrick Ferret, pointent l’absurdité écologique de la situation. Il estime que l’itinéraire des avions, allongé par le survol de la zone, augmente inutilement la consommation de carburant, contribuant ainsi à l’empreinte carbone de la région.

Les revendications des riverains : une fermeture qui semble difficile à envisager

Face à cette situation, les habitants d’Hendaye demandent la fermeture de l’aéroport ou, à défaut, une révision complète des trajectoires de vol. Cependant, les autorités locales et espagnoles se montrent réticentes à prendre des mesures drastiques, invoquant les enjeux économiques liés à l’aéroport. Les partisans de la fermeture soulignent que le bien-être des habitants et la préservation de l’environnement devraient primer sur des intérêts purement économiques.

Mais la question n’est pas simple. Depuis des décennies, l’aéroport de Saint-Sébastien constitue un point névralgique pour le transport aérien dans la région. Réduire son activité ou modifier son fonctionnement aurait des répercussions non seulement sur le tourisme, mais aussi sur les liens transfrontaliers entre la France et l’Espagne.

Un avenir incertain pour les habitants d’Hendaye

L’issue de cette lutte reste incertaine. Les habitants d’Hendaye continueront-ils à subir les conséquences des survols quotidiens ou finiront-ils par obtenir gain de cause ? Quoi qu’il en soit, la situation semble de plus en plus insoutenable pour ceux qui vivent sous le ciel de Fontarabie. La question n’est pas seulement celle du bruit, mais celle de l’équilibre entre le développement économique et la qualité de vie des habitants. Une bataille qui pourrait bien marquer l’avenir de la région, à cheval entre deux pays et deux visions du futur.