fbpx
Corse

La Corse paye 250 000 billets d’avion pour booster son tourisme en basse saison

Vincent Mabire - Il y a 10 heures

En résumé

• La Corse subventionne 250 000 billets pour attirer les touristes hors saison.
• Ce projet vise à réduire le surtourisme et soutenir l’économie locale.
• Initiative ambitieuse pour un tourisme durable en Europe à partir de 2025.

Au cœur de la Méditerranée, une expérience inédite s’apprête à redéfinir la manière dont une destination gère ses flux touristiques. Alors que les destinations prisées du monde entier peinent à gérer les afflux massifs de visiteurs en pleine saison, une île française décide de prendre une direction radicale.

La Corse, avec ses paysages immaculés et son climat envoûtant, compte bien secouer les codes traditionnels du tourisme. Son pari ? Attirer 250 000 touristes par an en dehors des périodes habituelles de vacances, en subventionnant des billets d’avion. Une initiative risquée ou un modèle pour l’avenir du tourisme européen ?

La Corse lance un pari audacieux pour briser la saisonnalité du tourisme

L’archipel méditerranéen, réputé pour son attrait estival, a décidé de briser les cycles touristiques traditionnels. Alors que l’île voit son territoire saturé chaque été, la Collectivité de Corse a décidé le 2 octobtre dernier de s’engager dans une expérimentation ambitieuse et sans précédent : subventionner 250 000 billets d’avion, nous apprend le média actu.fr, et cela, pour inciter les voyageurs à visiter la Corse en dehors des périodes de forte affluence. Un dispositif qui repose sur un budget de 2,5 millions d’euros, financé par l’ensemble des collectivités locales, et qui pourrait bien marquer un tournant pour le tourisme européen. Ce programme, qui débutera en novembre 2025, met en place un réseau de 12 lignes aériennes, dont neuf seront opérées par Volotea dès le mois de novembre, reliant plusieurs grandes villes françaises à la Corse. Les autres liaisons, qui débuteront au printemps 2026, seront assurées par la compagnie régionale Air Corsica, renforçant ainsi l’offre et visant à étaler la fréquentation touristique tout en stimulant l’économie locale.

L’objectif est double : rétablir un équilibre entre les saisons touristiques et éviter les pics de surtourisme, tout en soutenant l’économie locale avec des retombées estimées à 100 millions d’euros par an. Un défi que Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, qualifie de « nécessité ». « Nous avons identifié un besoin : amener des flux en dehors des périodes estivales », justifie-t-il. Mais cette initiative n’est pas sans risques. L’équilibre fragile entre développement économique et préservation de l’île se joue désormais sur ces nouvelles lignes aériennes subventionnées.

Une stratégie économique risquée mais potentiellement lucrative

Les données sont là : le tourisme est un secteur vital pour la Corse, représentant une part importante du PIB local. Cependant, l’afflux massif de visiteurs durant l’été met une pression considérable sur les infrastructures de l’île. D’une part, l’hôtellerie et la restauration bénéficient de l’arrivée massive de touristes, mais d’autre part, les ressources locales sont mises à rude épreuve, et certains habitants dénoncent les effets négatifs d’un tourisme qui écrase la vie quotidienne. Ce modèle de subvention, pionnier en Europe, pourrait ainsi offrir à la Corse une bouffée d’air frais en évitant la concentration des flux sur trois mois seulement. Mais l’équation est complexe : comment attirer des visiteurs tout en préservant les charmes naturels de l’île ?

La clé de cette initiative réside dans l’engagement des compagnies aériennes à remplir leurs avions sur toute l’année. En contrepartie des subventions, les compagnies comme Air Corsica et Volotea devront garantir un minimum de passagers sur des lignes spécifiques. Un système de bonus-malus pourrait ainsi inciter les opérateurs à baisser les tarifs pour remplir les sièges, tout en offrant des prix plus abordables aux touristes désireux de découvrir la Corse hors saison. La collectivité mise sur un retour économique substantiel, estimé à 100 millions d’euros chaque année. Une somme qui, selon les projections, serait redistribuée dans les secteurs locaux comme l’hôtellerie, la restauration, mais aussi dans l’artisanat et les transports.

La Corse, laboratoire d’un tourisme durable à l’échelle européenne

En matière de tourisme durable, la Corse ambitionne de devenir un modèle à suivre. Le défi est de taille : les destinations touristiques du monde entier luttent contre un tourisme de masse de plus en plus difficile à gérer. Le phénomène du surtourisme, où les ressources locales sont épuisées par des foules de plus en plus nombreuses, menace de dénaturer certains joyaux du patrimoine mondial. En misant sur la « désaisonnalisation » de son tourisme, la Corse espère non seulement réguler l’afflux de visiteurs, mais aussi prolonger l’impact économique des touristes sur une période plus longue. Ce modèle pourrait bien inspirer d’autres régions confrontées aux mêmes enjeux, comme les Alpes ou certaines îles méditerranéennes.

Mais tout ne sera pas simple. Le climat méditerranéen doux en hiver et les tarifs avantageux ne suffiront pas à attirer un public fidèle. Le véritable défi pour la Corse résidera dans la capacité à maintenir un équilibre entre le nombre de visiteurs et la préservation de son identité. Dans un monde où les questions écologiques dominent l’agenda, ce modèle hybride pourrait-il représenter l’avenir du tourisme dans les régions fragiles ? Si cette initiative réussit, elle pourrait bien devenir la référence pour un tourisme plus responsable et mieux réparti dans le temps.

La Corse face à la nécessité de réinventer le tourisme

Si le projet corse tient ses promesses, il pourrait bien redéfinir les codes du tourisme en Europe. Et dans un monde où les grandes destinations touristiques sont de plus en plus conscientes des dangers du surtourisme, l’île de Beauté pourrait se retrouver à la pointe d’une révolution dans la gestion de l’afflux touristique. Un pari audacieux, certes, mais aussi une opportunité unique de concilier développement économique et préservation environnementale. À l’heure où la planète semble pressée par les urgences écologiques, la Corse a peut-être trouvé une solution pour concilier croissance et durabilité. Reste à savoir si ce modèle trouvera une résonance ailleurs, dans les régions confrontées aux mêmes défis.

Angleterre

Découvrez
notre guide de
voyage

Vincent Mabire - Il y a 10 heures

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Nos thèmes