Avec plus de 100 millions de visiteurs en 2024, la France reste le pays le plus visité au monde. L’Espagne, de son côté, a également battu des records avec 94 millions de touristes internationaux. Pourtant, alors que l’Espagne fait face à une vague croissante de contestation contre le surtourisme, la France semble mieux absorber cet afflux. Pourquoi un tel contraste entre ces deux géants du tourisme ? Alors que Barcelone, les Baléares et la Costa del Sol voient leurs habitants manifester contre la surfréquentation et la flambée des loyers, Paris et les autres hauts lieux touristiques français ne connaissent pas les mêmes tensions. S’agit-il d’une gestion plus efficace ou d’une simple illusion ?
Une concentration excessive des touristes en Espagne
L’un des éléments clés du surtourisme espagnol réside dans la répartition inégale des flux de visiteurs. L’industrie touristique du pays est fortement concentrée sur quelques zones, notamment les côtes méditerranéennes et les îles. Environ 60 % des Espagnols vivent près du littoral, ce qui accentue la pression exercée par les millions de visiteurs étrangers.
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À Barcelone ou à Palma de Majorque, les habitants dénoncent la transformation de leur ville en parc d’attractions, où les locations saisonnières prennent le pas sur les logements résidentiels. Dans certaines îles comme Tenerife, l’exaspération a atteint un point critique, avec des manifestations réclamant un encadrement plus strict du tourisme.
La France, en revanche, bénéficie d’une répartition plus homogène des flux touristiques. Si Paris reste un pôle d’attraction majeur, de nombreuses autres régions absorbent une part significative des visiteurs : la Loire avec ses châteaux, la Provence et ses villages pittoresques, la Bretagne et la Côte d’Azur. Cette dispersion limite l’effet d’engorgement observé en Espagne.
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Un modèle touristique plus varié en France
Au-delà de la répartition géographique, le type de tourisme joue un rôle fondamental. L’Espagne s’est fortement développée autour du modèle des vacances tout compris, avec de grands complexes hôteliers sur les côtes et un tourisme festif très marqué, notamment à Ibiza, Benidorm ou Lloret de Mar.
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En France, bien que la Côte d’Azur attire également une clientèle internationale, l’offre touristique est plus diversifiée : patrimoine historique, œnotourisme, tourisme rural, stations de ski… Cette diversité contribue à éviter une saturation de certaines zones.
De plus, la France a adopté une politique de régulation plus stricte. Certaines villes comme Paris, Annecy ou Saint-Malo ont mis en place des quotas pour limiter le nombre de visiteurs quotidiens sur certains sites. À l’inverse, l’Espagne peine encore à instaurer des mesures restrictives efficaces, notamment face à la prolifération des locations de courte durée.
L’impact du logement : un facteur déterminant
Si le tourisme est une manne économique, il peut aussi provoquer des tensions sur le marché immobilier. L’explosion des locations Airbnb en Espagne a fait grimper les loyers dans les grandes villes, excluant peu à peu les habitants des centres urbains. Ce phénomène est au cœur des manifestations anti-tourisme observées en Catalogne et aux Baléares.
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En France, bien que des tensions existent dans certaines villes comme Paris ou Bordeaux, la situation est globalement mieux contrôlée grâce à une régulation plus avancée des locations touristiques. Les résidences secondaires, qui représentent 10 % du parc immobilier français, permettent aussi d’absorber une partie de la demande sans impacter autant le logement des locaux.
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La perception du tourisme par ces deux pays européens
Enfin, la différence entre la France et l’Espagne en matière de surtourisme pourrait aussi être une question de perception. Les Espagnols sont plus enclins à dénoncer les excès du tourisme, tandis qu’en France, ce secteur est souvent perçu comme un moteur économique à préserver.
De plus, la communication autour du tourisme joue un rôle clé. La France a su promouvoir son offre variée et haut de gamme, tandis que l’Espagne est encore trop souvent associée au tourisme balnéaire de masse. Pourtant, l’intérieur du pays recèle des trésors méconnus, qui, s’ils étaient mieux valorisés, pourraient atténuer la pression sur les côtes.
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Vers une prise de conscience en Espagne ?
Face à cette situation, l’Espagne commence à réagir en prenant des mesures pour mieux encadrer le tourisme. Des restrictions sur les locations saisonnières sont progressivement mises en place, et des efforts de diversification sont engagés pour encourager le développement du tourisme rural et culturel.
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La France, quant à elle, poursuit sa politique de régulation et de répartition des flux, tout en renforçant son attractivité sur des segments plus durables. La clé du succès réside sans doute dans cette capacité à équilibrer rentabilité économique et préservation de la qualité de vie des habitants.
Si l’Espagne veut éviter une crise durable liée au surtourisme, elle devra certainement s’inspirer de son voisin français et accélérer sa transition vers un modèle plus soutenable.