
En résumé
• Venise impose une taxe pour réguler le surtourisme, passant de 5 à 10 € pour réservations tardives.• La taxe génère des revenus pour l'entretien, mais soulève des questions d'accessibilité pour tous.
• Venise adopte aussi des mesures pour un tourisme durable, comme l'interdiction de grands groupes.
Venise, joyau historique et destination incontournable, fait face à une pression touristique croissante. Chaque année, la ville reçoit près de 30 millions de visiteurs, mais cette affluence a des conséquences néfastes sur son patrimoine et son quotidien. Pour tenter de réguler ce phénomène, la municipalité vénitienne a introduit une taxe d’entrée, une mesure qui est devenue plus stricte en 2025. Ce dispositif est-il un moyen efficace de limiter le surtourisme ou une barrière qui exclut les voyageurs au budget limité ? L’introduction de la taxe s’accompagne de nouveaux ajustements qui suscitent des réactions diverses.
Une taxe pour contrôler le surtourisme : Les ajustements de 2025
Depuis le 18 avril 2025, la taxe touristique de 5 € est de retour à Venise. Cette mesure, instaurée pour la première fois en 2024, a été étendue en 2025 à 54 jours de l’année, contre 29 précédemment. Elle est désormais appliquée principalement lors des week-ends et pendant les périodes de forte affluence, de fin avril à fin juillet. L’objectif est de mieux répartir le flux de visiteurs, en particulier ceux qui viennent uniquement pour la journée.
Les autorités de Venise espèrent ainsi encourager des séjours plus longs et plus respectueux de la ville, réduisant ainsi l’impact négatif des visiteurs d’un jour sur le patrimoine local. En outre, les personnes qui réservent à la dernière minute se voient à présent appliquer une taxe doublée, passant de 5 à 10 €, pour décourager les réservations tardives.
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Un financement pour la préservation ou une stratégie économique ?
En 2024, la taxe a généré près de 2,5 millions d’euros, un résultat bien au-delà des attentes des autorités locales. Cette somme a permis de financer l’entretien de la ville et de ses infrastructures fragiles, telles que les canaux et les ponts historiques. Bien que les recettes aient été bien accueillies, l’impact réel sur la fréquentation touristique reste limité. Les autorités continuent de voir la taxe comme un moyen de collecter des fonds essentiels, mais elle n’a pas réussi à réduire le nombre de visiteurs.
Les résultats de 2024 montrent que 485 000 billets ont été vendus, bien plus que prévu, mais la ville continue de recevoir un grand nombre de touristes. Le système QR code mis en place l’an passé pour le contrôle des paiements a prouvé son efficacité, mais son impact sur le volume de visiteurs reste encore modeste.
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La taxe de Venise rend-elle la ville réservée aux riches ?
La mise en place de cette taxe, bien que vue comme une solution pour réguler l’afflux touristique, soulève des questions sur son accessibilité. En effet, avec des prix déjà élevés pour les hôtels, restaurants et attractions, Venise devient-elle un lieu réservé à une clientèle fortunée ? Si la taxe d’entrée ne semble pas décourager les touristes de masse, elle pourrait, en revanche, exclure ceux au budget plus modeste.
Ce phénomène, constaté dans d’autres grandes destinations touristiques, pousse certains à se demander si Venise ne se transforme pas peu à peu en une « destination élitiste », où seuls les plus riches pourront s’offrir un passage. Les critiques des habitants ne manquent pas, certains estimant que la taxe profite davantage à la ville sur le plan économique qu’en termes de gestion des flux de visiteurs.
À Venise, une taxe de cinq euros est mise en place lors de l’entrée des touristes dans la ville. La municipalité espère surtout limiter le nombre de visiteurs.#JT20H #FranceTV @schapi1 pic.twitter.com/AnSJ80Tth1
— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) April 25, 2024
Des mesures supplémentaires pour encourager un tourisme durable
Pour compléter la taxe, Venise a également mis en place d’autres mesures visant à préserver son patrimoine et à encourager un tourisme plus responsable. Parmi ces initiatives, l’interdiction des groupes de plus de 25 personnes dans les zones historiques et la promotion des visites hors saison sont les plus remarquables. L’idée est de repenser le modèle touristique de la ville pour qu’il soit plus durable et respectueux des habitants.
D’autres villes européennes confrontées au surtourisme, comme Barcelone ou Amsterdam, ont mis en place des mesures similaires, telles que des taxes ou des restrictions d’accès, pour limiter les effets du tourisme de masse. Cependant, la taxe vénitienne reste unique par sa structure et son approche ciblée des visiteurs d’un jour, avec des ajustements pour ceux qui réservent à la dernière minute.
Lutte contre le surtourisme à Venise: les taxes comme solution? https://t.co/wDO943UI1g pic.twitter.com/tIXlmKjIeE
— FRANCE 24 – Europe (@EuropeF24) April 19, 2025
Venise peut-elle préserver son âme sans se fermer au monde ?
Venise doit naviguer entre la préservation de son patrimoine et l’accueil de millions de touristes. La taxe d’entrée est une réponse pragmatique aux défis du surtourisme, mais elle ne suffit pas à résoudre tous les problèmes. Elle génère des fonds et permet de mieux comprendre les comportements touristiques, mais elle n’a pas encore eu un impact significatif sur la réduction de la foule.
Pour certains, cette taxe est un premier pas vers un modèle de tourisme plus durable, où la qualité prime sur la quantité. Toutefois, d’autres estiment que, bien qu’efficace en termes de financement, cette taxe renforce l’image de Venise comme une destination réservée à une clientèle aisée. Dans un contexte, où le tourisme mondial est en constante croissance, Venise devra sans doute expérimenter de nouvelles stratégies pour concilier accessibilité, durabilité et préservation de son patrimoine.