
En résumé
• Le méandre de Queuille, appelé l'Amazonie d'Auvergne, offre une nature préservée unique.• Ce site géologique abrite une riche biodiversité sous protection Natura 2000 et ZNIEFF.
• Un tourisme durable et responsable se développe autour de ce lieu enchanteur.
Un ruban d’eau sauvage enlace une presqu’île boisée dans une boucle parfaite, comme un fer à cheval sculpté par la nature. À près de 700 mètres d’altitude, niché dans les Combrailles, au nord-ouest du Puy-de-Dôme, le méandre de Queuille offre un spectacle inattendu et grandiose, évoquant les paysages tropicaux d’Amérique du Sud, précisément, l’Amazonie. À seulement 2h30 de Paris, ce site encore préservé combine accès facile, immersion naturelle et déconnexion absolue. Il attire chaque année des visiteurs en quête de nature authentique… et de panoramas qui n’ont rien à envier à ceux de l’Amazonie.
Un site géologique fascinant façonné par la Sioule
Le méandre de Queuille, surnommée l’Amazonie d’Auvergne, n’est pas né du hasard. Il est le fruit d’un lent travail de l’eau sur la roche granitique des Combrailles. La rivière Sioule, qui prend sa source dans le massif du Sancy, serpente sur 150 km jusqu’à son confluent avec l’Allier. Là où elle rencontre des roches métamorphiques dures, elle se fraye un passage sinueux, donnant naissance à plusieurs méandres. Celui de Queuille, en particulier, impressionne par sa régularité et l’harmonie de sa forme, encadré de forêts denses, d’un silence profond et d’un relief saisissant.
Perché sur un promontoire naturel, le belvédère du Paradis permet d’admirer dans son ensemble cette boucle de deux kilomètres de long. Accessible en quelques minutes de marche depuis le centre du village, ce point de vue domine la vallée, offrant une lecture spectaculaire du paysage, magnifiée par les saisons : vert émeraude au printemps, ocres flamboyants en automne, blanc mystique sous la neige.
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Entre mémoire locale et surnom évocateur
Le surnom de « Paradis » ne relève pas d’une simple exagération touristique. Il est né de l’observation des anciens habitants des hameaux environnants. Perchés dans la brume, ils voyaient en contrebas cette boucle baignée de soleil, comme une terre bénie, inaccessible, presque céleste. Ce nom est resté, nourrissant l’aura poétique du lieu.
Plus récemment, c’est la comparaison avec l’Amazonie qui a émergé, portée par la végétation luxuriante, la brume matinale et la forme serpentine de la rivière. Une analogie qui n’a rien d’exagéré, tant le dépaysement est total. En moins d’une heure de Clermont-Ferrand, les visiteurs se retrouvent plongés dans une atmosphère sauvage, loin du bruit, propice à la contemplation ou à la randonnée.
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Une immersion dans un écosystème préservé
Le méandre de Queuille est plus qu’un panorama amazonien. Il constitue un refuge de biodiversité, inscrit dans le réseau Natura 2000 et classé ZNIEFF. On y recense plus de 90 espèces d’oiseaux, parmi lesquelles le milan royal, la buse variable ou le faucon pèlerin. Les forêts abritent également des chauves-souris rares, des loutres, et une flore riche, typique des zones humides et ombragées. Loin d’un décor figé, c’est un écosystème vivant, actif, et particulièrement sensible, où la fréquentation est régulée pour préserver son équilibre.
Des sentiers balisés permettent de longer les berges, de traverser des forêts profondes, et d’accéder à d’autres joyaux naturels de la région. Parmi ces dernier, on recense le gour de Tazenat, un lac volcanique parfait pour la baignade, ou encore le viaduc des Fades, le plus haut de France. À pied, en canoë ou même à vélo-rail, les moyens de découvrir les environs de cette Amazonie d’Auvergne sont multiples et contribuent à une offre de tourisme doux, cohérente avec l’esprit du lieu.
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Un tourisme responsable en plein essor
Depuis quelques années, cette Amazonie auvergnate attire un public curieux de nature brute, loin du tourisme de masse. L’accessibilité du site, combinée à sa discrétion médiatique, en a longtemps fait un secret bien gardé. Mais sa renommée grandit. En 2024, plus de 20 000 visiteurs ont foulé les sentiers menant au belvédère, attirés par les images circulant sur les réseaux sociaux ou les reportages télévisés.
La commune de Queuille, consciente de la valeur fragile de ce patrimoine, s’efforce de canaliser cette fréquentation sans nuire à l’environnement. Des hébergements durables, des aménagements discrets, et une valorisation du patrimoine local (comme la motte castrale ou l’église romane) complètent l’expérience, en offrant authenticité et confort à ceux qui choisissent de prolonger leur séjour.
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Un voyage sensoriel… sans prendre l’avion
Le méandre de Queuille incarne cette nouvelle tendance du tourisme de proximité : voyager sans aller loin jusqu’en Amazonie, mais vivre intensément. Il invite à ralentir, à observer, à ressentir. Le bruissement de la forêt, le reflet du ciel sur l’eau, les jeux de lumière dans les feuillages offrent une expérience à la fois esthétique et sensorielle, accessible, sans effort, ni empreinte carbone excessive.
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En avril, alors que les premières chaleurs réveillent les sous-bois et que la rivière retrouve son éclat, c’est le moment idéal pour découvrir ou redécouvrir ce coin méconnu du Massif central. Et repartir avec une certitude : l’Amazonie n’est peut-être pas aussi lointaine qu’on le croit.