Léa Paci -
Il y a 15 heures 
Niché au cœur de l’Atlantique, à mi-chemin entre l’Europe et l’Amérique, l’archipel des Açores fait rêver. Avec ses paysages volcaniques saisissants, ses lacs aux couleurs changeantes et son climat subtropical, il évoque un éden préservé, loin du tumulte des grandes métropoles. Pourtant, ce secret bien gardé de neuf îles portugaises commence à perdre de sa confidentialité. Le tourisme explose, attirant chaque année des milliers de visiteurs en quête d’authenticité et de nature brute. Un succès qui n’est pas sans conséquences. Derrière les cartes postales idylliques, les Açores font face à un dilemme : comment concilier développement économique et préservation d’un écosystème fragile ?
Un archipel aux allures de paradis sauvage
Longtemps restées en dehors des circuits touristiques de masse, les Açores cultivent un charme brut et mystérieux. Formées par l’activité volcanique, elles offrent un mélange unique de montagnes abruptes, de falaises vertigineuses et de forêts luxuriantes. L’île principale, São Miguel, fascine par ses contrastes : les eaux bleu turquoise de Lagoa do Fogo, les cratères verdoyants des Sete Cidades, ou encore les fumerolles sulfureuses de Furnas, où l’on cuit le traditionnel « cozido » à même la terre volcanique.
Mais au-delà de ses paysages, l’archipel séduit aussi par son atmosphère paisible. Ici, pas de grands resorts ni de plages bondées. Loin des foules qui envahissent les Baléares ou les Canaries, les Açores ont longtemps cultivé un tourisme raisonné, privilégiant l’exploration douce : randonnées sur des sentiers escarpés, baignades dans des piscines naturelles formées par la lave et observation des cétacés, dont les impressionnantes baleines bleues qui croisent au large des côtes.
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Les Açores : une destination victime de son succès
Mais l’époque du secret bien gardé semble révolue. En quelques années, les Açores ont vu leur fréquentation exploser. Des compagnies aériennes low cost ont multiplié les liaisons, facilitant l’accès à ces îles longtemps perçues comme reculées. En 2023, plus de 2,5 millions de visiteurs ont foulé le sol açorien, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes.
Si cette manne touristique représente une opportunité économique indéniable, elle met également une pression inédite sur les infrastructures locales. À São Miguel, les sites emblématiques connaissent désormais des pics d’affluence, au point que certains sentiers de randonnée doivent être régulés pour éviter leur dégradation. Les hébergements, bien que limités, affichent des taux de remplissage records en haute saison, et les prix des locations grimpent en flèche, menaçant l’équilibre fragile de ce havre de paix.
Une taxe pour limiter l’impact du tourisme
Face à cette pression grandissante, les autorités locales ont décidé de réagir. Depuis janvier 2025, une taxe de séjour a été instaurée sur l’île de São Miguel. Désormais, les visiteurs doivent s’acquitter de 2 euros par nuit et par personne, pour un maximum de trois nuits consécutives. Une somme modique en apparence, mais qui devrait permettre de récolter près de 10 millions d’euros en une année, destinés à l’entretien des sentiers, la préservation des espaces naturels et la gestion des déchets générés par l’afflux touristique.
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Cette mesure n’est qu’un premier pas. D’autres restrictions pourraient suivre : quotas de visiteurs sur certains sites sensibles, régulation des vols, limitation des nouvelles constructions hôtelières… L’objectif est clair : éviter que les Açores ne subissent le même sort que d’autres destinations européennes, prises d’assaut au détriment de leur environnement et de leur identité.
Un équilibre à trouver impérativement entre tourisme et préservation
Cette volonté de régulation pose une question essentielle : jusqu’où faut-il aller pour protéger ce joyau naturel ? Certains redoutent que ces mesures ne transforment l’archipel en une destination élitiste, où seuls les voyageurs les plus aisés pourront se permettre de séjourner. D’autres estiment au contraire que cette approche permettra de maintenir un tourisme durable, axé sur la qualité plutôt que la quantité.
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Les Açores sont à la croisée des chemins. Continuer à attirer les foules au risque de voir leur charme s’éroder, ou restreindre leur accès pour préserver leur authenticité ? Une chose est sûre : ce paradis européen ne pourra plus ignorer longtemps la question du prix de son succès.
Léa Paci -
Il y a 15 heures