En résumé
• L'Espagne fait face à un été 2025 tendu avec la baignade menacée par méduses et pollution.• En 2024, plus de 2 500 fermetures de plages dues aux méduses et à l'eau de mauvaise qualité.
• 18 % des plages non conformes en 2024, prévisions encore pires pour 2025 sans actions rapides.
L’Espagne, l’un des joyaux balnéaires de l’Europe, s’apprête à vivre un été sous haute tension. Alors que les plages andalouses, catalanes ou baléares s’emplissent habituellement de vacanciers, l’été 2025 pourrait bien marquer un tournant. En 2024, les autorités espagnoles ont enregistré une hausse de 40 % des interdictions de baignade par rapport à 2023. Une tendance inquiétante, alimentée par deux fléaux bien identifiés : la prolifération massive de méduses et la dégradation alarmante de la qualité de l’eau. Ces signaux ne sont pas isolés, et les projections pour 2025 annoncent une saison encore plus perturbée, où la baignade pourrait devenir un luxe temporairement inaccessible dans certaines régions.
Plus de 2 500 fermetures de plages en 2024
L’année dernière, les plages espagnoles ont connu plus de 2 500 fermetures temporaires en raison de la présence de méduses, en particulier de physalies, surnommées à tort « méduses portugaises ». Ces organismes marins, dont les tentacules peuvent atteindre 30 mètres, sont capables de provoquer de graves brûlures et des réactions allergiques sévères. Leur multiplication est directement liée au réchauffement des eaux : les températures de surface ont atteint jusqu’à 28 °C dans certaines zones méditerranéennes à la fin juillet 2024, un record historique. Le déséquilibre écologique, causé notamment par la raréfaction des tortues caouannes — leurs principaux prédateurs — favorise leur prolifération. Et si le phénomène reste localisé en hiver, les premières remontées du printemps 2025 font craindre une invasion plus précoce cette année encore. Des dispositifs de surveillance renforcés sont en place, mais les municipalités, prises de court en 2024, peinent à s’organiser pour protéger efficacement les zones de baignade.
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18 % des plages non conformes aux normes européennes
Parallèlement aux méduses, la pollution des eaux littorales a atteint un seuil critique. En 2024, près de 1 plage sur 5 en Espagne (18 %) n’était plus conforme aux normes européennes de qualité de l’eau, selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement. Le sud du pays et les Baléares sont particulièrement concernés. Les causes sont multiples : rejets d’eaux usées non traitées, déversements agricoles chargés en nitrates, et afflux massif de touristes générant une surcharge des infrastructures. Résultat : des eaux troubles, chargées en bactéries et microplastiques, impropres à la baignade pendant plusieurs jours voire semaines dans certains cas. Pour l’été 2025, les prévisions sont sombres : sans plan de traitement accéléré des eaux usées et contrôle strict des rejets, les interdictions de baignade pourraient dépasser les 3 000 incidents. Au-delà du désagrément touristique, c’est la santé publique qui est en jeu, notamment pour les enfants et les personnes âgées plus vulnérables aux infections dermatologiques et intestinales.