Imaginez un instant que vous puissiez poursuivre une montagne en justice… Eh bien, en Nouvelle-Zélande, c’est désormais possible ! Le mont Taranaki, majestueux volcan de l’île du Nord, a officiellement obtenu le statut de « personne juridique ». Ce n’est pas un simple coup de pub écolo, mais une véritable révolution dans la façon dont on protège les sites naturels.
Derrière cette décision, il y a bien sûr une dimension symbolique forte : pour les Maoris, le mont Taranaki n’est pas juste un joli décor pour les cartes postales. C’est un ancêtre vivant, un être sacré qui mérite autant de respect qu’un membre de la famille.
Mais concrètement, ça change quoi ?
Ce statut de « personne » n’est pas une nouveauté totale en Nouvelle-Zélande. Avant Taranaki, la rivière Whanganui et la forêt de Te Urewera avaient déjà obtenu ce même type de reconnaissance. L’idée est simple : en donnant une existence légale à ces lieux naturels, on leur permet d’être mieux protégés.
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Désormais, le mont Taranaki sera représenté par un conseil mixte, composé de quatre membres des tribus locales et de quatre représentants gouvernementaux. Leur rôle ? Défendre les intérêts de la montagne, veiller à sa préservation et garantir que son accès respecte les traditions maories.
Autrement dit, si une entreprise décide un jour de construire un énorme complexe hôtelier sur ses flancs, il ne suffira pas d’un simple permis de construire. Il faudra d’abord passer par cette nouvelle entité juridique, qui pourra s’opposer aux projets jugés nuisibles.
Un volcan qui ne se laisse pas faire
Le mont Taranaki, aussi appelé mont Egmont par les colons britanniques, est bien plus qu’un sommet de 2 518 mètres coiffé de neige. Il trône fièrement au centre du parc national Egmont, un paradis pour les randonneurs, les amoureux de la nature et les photographes en quête de paysages spectaculaires.
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Mais cette montagne a aussi une histoire mouvementée. Au XIXe siècle, lorsque les colons britanniques ont confisqué les terres maories, Taranaki a été arraché à son peuple. Pire encore, ses rites sacrés ont été interdits, et le site est devenu une simple attraction touristique.
Il aura fallu plus d’un siècle de revendications pour que cette injustice soit en partie réparée. L’obtention du statut de personne juridique est donc un immense pas en avant pour les tribus locales, qui retrouvent enfin un lien officiel avec leur montagne ancestrale.
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Une tendance qui gagne du terrain
Loin d’être une bizarrerie isolée, cette reconnaissance juridique des sites naturels commence à faire des émules dans d’autres pays. En Inde, le Gange et la Yamuna ont été déclarés « entités vivantes », tandis qu’au Pérou, certaines rivières bénéficient désormais d’une protection similaire.
Et en Europe ? Pour l’instant, l’idée peine à s’imposer. Mais en 2021, un collectif en Corse a tenté de faire reconnaître des droits au fleuve Tavignanu afin de bloquer un projet d’enfouissement de déchets. Rien d’officiel encore, mais une preuve que cette approche séduit de plus en plus d’activistes et d’élus.
Un pas vers une nouvelle relation avec la nature ?
Avec cette décision, la Nouvelle-Zélande envoie un message fort : la nature n’est pas une ressource illimitée, et il est temps de la traiter avec respect et considération.
Bien sûr, cela ne signifie pas que le mont Taranaki va se réveiller un matin et réclamer un avocat. Mais cette reconnaissance lui donne un poids légal, une voix pour défendre son intégrité, et surtout, elle rappelle à chacun qu’une montagne, ce n’est pas qu’un joli décor… c’est un monument vivant.
Et si on s’inspirait de cette idée pour mieux protéger nos propres merveilles naturelles ?