En résumé
• Florence, Rome et Venise imposent des taxes pour réguler le surtourisme.• Restrictions sur les locations Airbnb et quotas d'accès aux sites historiques en vigueur.
• La taxation vise à responsabiliser les touristes et financer les services publics.
Le surtourisme continue de transformer les villes italiennes. Face à l’afflux record de visiteurs, Florence, Rome et Venise prennent des mesures pour réguler la fréquentation et limiter ses effets sur les habitants. Augmentation des taxes de séjour, restrictions sur les locations touristiques et quotas d’accès aux sites emblématiques : autant de décisions qui suscitent le débat.
Venise, Rome et Florence tentent de reprendre le contrôle
Venise, ville symbole du surtourisme, renforce sa politique de régulation. Après l’introduction d’une taxe de 5 euros en 2024 pour les visiteurs d’un jour, le dispositif s’étend : dès avril, une redevance sera exigée tous les vendredis, dimanches et jours fériés jusqu’en juillet, soit 54 journées taxées. Les réservations de dernière minute seront soumises à un tarif doublé de 10 euros. L’objectif annoncé est d’encourager les séjours prolongés et de mieux répartir les flux de visiteurs.
D’autres villes suivent une approche similaire. À Rome, les autorités envisagent d’instaurer un système de billetterie pour la fontaine de Trevi, site emblématique où l’affluence devient difficile à gérer. Déjà, des plafonds de fréquentation existent pour le Colisée (3 000 visiteurs en simultané) et Pompéi (20 000 personnes par jour). La question se pose : ces restrictions permettront-elles une meilleure préservation du patrimoine, ou risquent-elles de rendre l’accès aux sites historiques plus élitiste ?
Parallèlement, les locations touristiques sont dans le collimateur. À Florence, Rome et Milan, l’usage des boîtes à clés, permettant un accès autonome aux logements Airbnb, a été interdit. Désormais, les propriétaires doivent rencontrer leurs locataires en personne pour vérifier leur identité. Officiellement, cette mesure vise à renforcer la sécurité et limiter l’anonymat des transactions. Mais pour certains, elle s’inscrit surtout dans une stratégie plus large de limitation des locations de courte durée, accusées de contribuer à la flambée des loyers et à la disparition des habitants des centres historiques.
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Vers un tourisme plus encadré mais aussi plus coûteux ?
L’autre levier d’action des villes italiennes est la taxation. À Rome, les visiteurs paient déjà entre 3 et 7 euros de taxe de séjour selon leur hébergement. À Milan et Florence, elle peut atteindre 5 euros. Mais une réforme nationale pourrait bientôt introduire une taxe allant jusqu’à 25 euros par nuit pour les établissements les plus luxueux. L’argument avancé est de responsabiliser les touristes et d’aider les municipalités à financer les services publics, notamment la collecte des déchets.
Si ces mesures visent à limiter les effets négatifs du tourisme de masse, elles posent aussi la question de l’accessibilité des grandes villes italiennes. L’augmentation des coûts pourrait inciter certains voyageurs à revoir leur budget ou à se tourner vers des destinations moins contraignantes. L’Italie cherche ainsi à réguler un secteur vital pour son économie tout en évitant un modèle où seuls les visiteurs les plus aisés pourraient profiter de son patrimoine.