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Airbnb à Paris

Airbnb à Paris : vers un assouplissement des règles et un tri des touristes ?

Léa Paci - Il y a 2 jours

En résumé

• Paris revoit sa réglementation Airbnb après une décision judiciaire, visant à réduire l'arbitraire.
• Des contournements des règles par les propriétaires continuent, malgré des restrictions renforcées.
• La capitale cherche un équilibre entre tourisme et vie résidentielle face à la colère des riverains.

Paris digère doucement le passage des Jeux olympiques. Si l’été 2024 a vu exploser la demande de logements touristiques, les mois qui ont suivi ont révélé les tensions sous-jacentes. Au cœur du débat, les locations de courte durée type Airbnb, toujours aussi prisées des visiteurs, mais de plus en plus critiquées par les riverains et encadrées par les autorités. En février 2025, la justice a ordonné à la Ville de Paris de revoir une partie de sa réglementation. Un signal fort qui relance une question centrale : Paris va-t-elle vraiment desserrer l’étau, ou s’oriente-t-on vers un filtrage plus sélectif du tourisme urbain ?

Une réglementation jugée arbitraire

En 2021, la municipalité d’Anne Hidalgo avait mis en place un système de contrôle exigeant une autorisation préalable pour transformer un local commercial en meublé touristique. L’objectif était clair : protéger les commerces de proximité dans certains quartiers, préserver l’équilibre entre habitat et activité économique, et contenir la flambée des loyers. Mais en février 2025, la cour administrative d’appel de Paris a estimé que les critères appliqués par la Ville étaient trop flous et insuffisamment encadrés.

La justice a validé le principe du contrôle, mais pointé l’absence de seuils quantitatifs clairs, ce qui ouvrait la porte à des décisions arbitraires. Résultat : la Ville doit revoir son dispositif, préciser ses règles et intégrer une période transitoire avant de sanctionner les contrevenants. Elle devra également verser 1 000 euros à l’association plaignante, signe d’un revers politique modéré, mais symbolique.

 

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Des contournements d’Airbnb qui persistent

Malgré les efforts réglementaires, certains propriétaires continuent de contourner les règles, comme le montrent plusieurs cas récents. Le plafond des 90 jours annuels pour la résidence principale, en vigueur depuis fin 2024, est souvent dépassé par des hôtes qui recourent à des astuces : locations sous bail, mobilité, déclarations partielles, ou encore enregistrement sous fausse qualité de chambre « chez l’habitant ».

D’autres exploitent les zones grises du droit, comme le montre l’affaire du 62 rue Saint-Lazare. Là, un propriétaire a transformé un local commercial en hébergement touristique sans opposition formelle de la mairie. Ses voisins ont saisi le tribunal, sans succès. L’imbrication complexe entre urbanisme, fiscalité et droit du logement rend l’application des règles souvent fragile et inégale.

Des tensions croissantes dans les quartiers résidentiels

Au-delà des chiffres et des règlements, la colère monte dans certains quartiers. Dans la rue des Thermopyles, un projet de transformation d’anciens ateliers en logements Airbnb a provoqué une véritable fronde des habitants. Pétitions, réunions publiques houleuses, inquiétudes pour la sécurité incendie : le rejet est profond. Pour de nombreux Parisiens, la généralisation des meublés touristiques entraîne nuisances sonores, perte de voisinage et pression foncière.

Ces mobilisations locales reflètent une fracture entre deux visions de la ville : celle d’un espace ouvert au tourisme international et celle d’un lieu de vie à taille humaine, où l’économie résidentielle prime sur la rentabilité locative.

Vers une régulation plus ciblée ?

Face à ces tensions, Paris pourrait adopter une ligne plus nuancée : plutôt que d’interdire massivement, elle pourrait concentrer ses efforts sur une cartographie fine des zones sensibles, avec des autorisations délivrées selon le contexte urbain. L’enjeu serait alors de filtrer non seulement les logements, mais aussi les types de visiteurs accueillis, en favorisant des séjours plus longs et moins intensifs en termes d’usage de l’espace public.

Ce recentrage s’inscrit dans un mouvement national. Depuis janvier 2025, plusieurs métropoles – dont Lyon, Bordeaux et Nice – ont adopté des quotas de nuitées ou exigé des compensations en cas de transformation de résidences secondaires. Le gouvernement envisage une harmonisation législative, avec un statut unifié pour les meublés touristiques, à mi-chemin entre hébergement hôtelier et logement résidentiel.

Une ville en quête d’équilibre

La décision judiciaire de février 2025 ne sonne pas le glas de la régulation Airbnb à Paris. Elle en marque plutôt une nouvelle phase, plus exigeante, où Paris devra concilier exigence juridique, pression sociale et logique économique. Entre encadrement renforcé et assouplissement ciblé, l’avenir du tourisme urbain parisien se joue désormais quartier par quartier, au gré des arbitrages politiques.

Car plus que jamais, la capitale cherche à préserver sa double identité : celle de ville-monde ouverte, et celle de capitale habitée, vivante, accessible… et vivable.

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Léa Paci - Il y a 2 jours

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