En résumé
• Loyers en hausse de 14% sur la Côte d'Azur, crise pour les habitants de Nice.• Tourisme exacerbe la pression locative, logements détournés pour Airbnb.
• Difficulté croissante pour locaux, impacts sur le tissu urbain et services.
Un an, +14 % de hausse. C’est le constat net tiré du baromètre immobilier 2025 publié par Nice Presse. Tandis que l’inflation se calme sur d’autres postes de dépense, les loyers continuent de grimper sur la Côte d’Azur, avec Nice en première ligne. Le prix moyen du mètre carré y atteint désormais 22 euros, bien loin des standards nationaux. Pour les habitants, la situation devient critique. Pour les vacanciers, elle soulève une question simple mais de plus en plus légitime : qui habite encore vraiment ces villes de carte postale ?
Une pression locative dopée par les courts séjours
Nice reste l’une des plus belles vitrines de la Côte d’Azur. Et c’est bien là le problème. Derrière ses façades colorées et ses plages de galets, le marché locatif est en ébullition. Selon les données de Nice Presse, les loyers ont bondi de 14,1 % en un an. Louer un simple deux-pièces de 50 m² coûte en moyenne 1 100 euros par mois. Pour un salarié payé au SMIC ou un jeune couple sans appui familial, c’est mission impossible.
Et cette tension ne s’arrête pas à la ville-centre. À Saint-Laurent-du-Var, le mètre carré s’échange à 19 euros, à Cagnes-sur-Mer à 20. Des hausses respectives de 9,2 et 8,4 %. Le phénomène est accentué par l’essor des meublés touristiques, qui assèchent le marché traditionnel au profit de locations à la nuitée, bien plus rentables pour les propriétaires. Résultat, les logements disponibles pour les habitants permanents se font rares, tandis que les prix explosent à l’approche de la haute saison. Même en basse saison, de nombreux biens restent inaccessibles car réservés à des plateformes de location.
Les logements longue durée sont transformés en studios Airbnb avec vue sur mer, parfaits pour les courts séjours, mais catastrophiques pour les actifs locaux. Un enseignant, un infirmier ou un jeune diplômé souhaitant rester à Nice n’a souvent d’autre choix que de s’éloigner, voire de quitter la région. Le littoral devient ainsi un espace de transit touristique, où la vie permanente est reléguée à l’arrière-plan.
Quand le littoral se ferme aux habitants pour s’ouvrir aux visiteurs
Le visage de la Côte d’Azur change. Si les vacanciers affluent par milliers chaque été, les habitants, eux, s’éloignent, repoussés par des loyers devenus hors de portée. Trouver un logement devient un exercice d’endurance administrative et financière. Les exigences des bailleurs montent en flèche : CDI, revenus triples du loyer, multiples garants. Les candidatures sans dossier béton sont simplement ignorées. Quant aux plus précaires, ils sont relégués loin du littoral, parfois sans transports, ni services, ni emploi à proximité.
L’effet domino se fait déjà sentir sur les équilibres urbains. Le centre-ville niçois, autrefois animé par une population mixte et active, tend à se figer autour d’un double usage : les visiteurs d’un côté, les résidences secondaires de l’autre. La vie quotidienne s’efface au profit de la consommation touristique. Des écoles ferment des classes faute d’enfants. Des commerces ferment hors saison, faute de clientèle locale. Et les transports en commun, pourtant essentiels dans une agglomération étalée, peinent à suivre le déplacement des populations.
Dans ce contexte, l’inaction des pouvoirs publics interroge. Aucun encadrement strict des loyers, peu de contrôle sur les locations saisonnières, quasi-absence de nouveaux logements accessibles. Pendant ce temps, les communes continuent de mettre en avant leur attractivité touristique, au risque de sacrifier leur équilibre résidentiel.
Nice et sa région deviennent progressivement un décor pour séjours courts, une destination de charme qui oublie qu’elle fut aussi une terre de vie. Derrière les cartes postales, une question brûlante se pose : une ville peut-elle encore être vivante si personne ne peut s’y loger pour de bon ?