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Personnes dans un aéroport

Les droits des passagers menacés par une réforme européenne

Vincent Mabire - Il y a 4 heures

En résumé

• Réforme du règlement CE261 limite les droits d'indemnisation des passagers aériens.

• Augmentation du seuil de retard exigible de 3 à 5-6 heures pour indemnisation.

• Influence des lobbys aériens favorisée, impactant négativement les droits des citoyens.

Après deux décennies de protections jugées exemplaires, les droits des passagers aériens européens vacillent. Une réforme du règlement CE261, qui encadre les indemnisations en cas de vol annulé ou retardé, s’apprête à voir le jour. Derrière une technocratie discrète, les États membres de l’Union européenne se rapprochent d’un accord qui limiterait drastiquement les conditions d’indemnisation. L’objectif ? Soulager les compagnies aériennes. Le résultat ? Des millions de passagers risquent d’être les grands perdants. La réforme, en passe d’être validée, menace de transformer un acquis citoyen majeur en une coquille vide.

L’Union européenne choisit les compagnies, pas les citoyens

La réforme du règlement CE261 marque un virage politique. Ce texte, instauré en 2004, offrait un socle de protection solide : jusqu’à 600 euros d’indemnité pour les retards de plus de 3 heures ou les annulations injustifiées. Un cadre qui faisait figure d’exception dans le monde du transport aérien.

Aujourd’hui, ce principe est attaqué. Les États membres souhaitent allonger le seuil de retard à 5 voire 6 heures pour qu’une indemnité soit exigible. Une évolution qui, selon les défenseurs des passagers, ne répond à aucune nécessité légitime — sauf celle de ménager les finances des compagnies aériennes, mises sous pression par la reprise post-Covid et la hausse des coûts.

Mais cette décision n’est pas neutre, elle transfère le coût des retards aux usagers. Et elle affaiblit les recours juridiques, déjà trop complexes à activer. La majorité silencieuse des voyageurs occasionnels sera la plus affectée, moins d’indemnisations, plus d’opacité, moins de confiance.

Ce recul n’a rien d’une modernisation. Il s’agit d’un choix politique clair : sacrifier la protection des passagers sur l’autel de la compétitivité économique. Un mauvais signal envoyé aux citoyens européens.

Silence radio des gouvernements, offensives des lobbys

L’opacité qui entoure cette réforme soulève des questions. Aucune consultation publique large, peu de débats dans les médias, et un consensus technique en coulisse entre les États membres. Le Parlement européen, pourtant garant de la voix des citoyens, semble relégué à un rôle secondaire dans cette affaire.

Pourquoi un tel silence ? Parce que la réforme bénéficie d’un lobbying puissant. Les compagnies aériennes et leurs fédérations, en particulier celles à bas coûts, plaident depuis des années pour un allègement de leurs obligations. Elles dénoncent un système coûteux, injuste, « abusé » par certains passagers. Le récit est bien rodé.

Mais la réalité est toute autre, la majorité des voyageurs ne réclame une indemnisation que dans les cas les plus flagrants. Ce sont ces situations-là qui vont désormais échapper à toute compensation.

Le message est limpide, dans l’Union européenne actuelle, les intérêts des grands groupes priment. Et les droits concrets des citoyens deviennent des variables d’ajustement. À terme, cette logique pourrait s’étendre à d’autres secteurs. Un précédent dangereux, passé en catimini.

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Vincent Mabire - Il y a 4 heures

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