
En résumé
• Les Français réduisent leurs dépenses vacances, privilégiant hébergements simples et activités moins chères.• Restaurants et campings subissent une baisse de fréquentation, signes d’une consommation touristique plus frileuse.
• Les touristes étrangers dépensent 25 % de plus, soutenant le secteur touristique français face à la prudence locale.
L’été 2025 marque une période particulière pour les vacanciers français : bien que nombreux à partir en vacances, ils n’ont pas hésité à revoir leur budget à la baisse. Alors que les juillistes sont déjà de retour de leurs vacances, le constat est sans appel : les dépenses touristiques ont baissé. Face à une inflation persistante et une baisse du pouvoir d’achat, les Français doivent ajuster leurs priorités. Ils privilégient des vacances moins coûteuses, optant pour des activités abordables et des hébergements simples. Tandis que l’hôtellerie enregistre une légère hausse des revenus, d’autres secteurs comme la restauration ou les campings se retrouvent confrontés à une frilosité accrue chez les vacanciers. La crise économique et l’incertitude autour des finances personnelles influencent directement les comportements de consommation. Le secteur du tourisme, pourtant porteur de nombreux espoirs cette année, observe ainsi une modification notable des habitudes de consommation, qu’il s’agisse de l’hébergement, des repas ou des loisirs.
L’hôtellerie face à la hausse des prix : une demande stable, mais des dépenses limitées
Les chiffres de l’hôtellerie montrent une évolution contrastée. Les juillistes, déjà de retour, ont permis à ce secteur d’enregistrer une légère hausse de 1,9 % des revenus en juillet, selon les données de la Confédération des acteurs du tourisme. Ce chiffre atteint même 10 % dans certaines régions comme la Bretagne, où les stations balnéaires ont bien accueilli une clientèle fidèle. En dépit des prix en hausse, les Français semblent vouloir maintenir leurs vacances, optant pour des hôtels plutôt que de renoncer complètement à leurs projets de voyage. Cependant, cette hausse ne traduit pas forcément un accroissement des dépenses. En réalité, les vacanciers ajustent leur budget et limitent les extras, privilégiant des hébergements qui, malgré l’augmentation des tarifs, restent accessibles. Ils renoncent parfois à des services supplémentaires, comme des repas au restaurant ou des activités payantes.
Cela confirme la tendance : malgré une afflux important de touristes dans les hôtels, les Français ont réduit leurs budgets pour les dépenses accessoires. Une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) confirme que, si les Français partent toujours en vacances, les dépenses liées à l’hébergement augmentent de manière contenue, tandis que les secteurs à plus forte valeur ajoutée, comme les loisirs et la restauration, connaissent une diminution des dépenses.
Ainsi, si le secteur hôtelier s’en sort relativement bien, c’est en grande partie grâce à une fidélité des consommateurs qui, malgré des prix plus élevés, préfèrent maintenir leur séjour plutôt que de faire l’impasse sur l’hébergement. La situation reste toutefois fragile, et certains acteurs du secteur restent prudents face à une possible accélération de la baisse du pouvoir d’achat.
La restauration en difficulté : les Français boudent les restaurants
C’est un fait : les restaurants sont les grands perdants de cet été 2025. Alors que les Français cherchent à maintenir leur budget vacances, les repas à l’extérieur sont souvent les premières dépenses sacrifiées. Selon une étude récente, près de 60 % des vacanciers déclarent avoir réduit leur budget alimentation, en optant pour des repas moins coûteux, voire en cuisinant eux-mêmes pendant leurs vacances. Cette tendance se confirme particulièrement dans l’Ouest de la France, où plusieurs restaurateurs signalent une baisse importante de la fréquentation, même dans les zones touristiques habituelles.
Hubert Jan, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) du Finistère, ne cache pas son inquiétude face à cette évolution : « Les restaurateurs sont vraiment surpris qu’il y ait si peu de monde cette année. » Selon lui, malgré la préparation et les recrutements effectués pour la saison, les chiffres de fréquentation sont décevants. En effet, les vacanciers français semblent privilégier les repas rapides ou à emporter, souvent dans les grandes surfaces ou directement dans leurs hébergements.
Les restaurateurs, pris de court par cette situation, sont contraints de s’adapter. Certains baissent leurs prix pour attirer une clientèle plus nombreuse, tandis que d’autres tentent de diversifier leurs offres avec des menus plus abordables. Toutefois, cette situation pourrait avoir des conséquences sur la rentabilité des établissements, d’autant plus que les coûts de production restent élevés.
En somme, face à des budgets de plus en plus serrés, les Français semblent accorder moins d’importance aux repas à l’extérieur, une tendance qui touche aussi bien les petits restaurants que les établissements plus haut de gamme.
Les campings souffrent aussi de la frilosité des vacanciers
Les campings, historiquement populaires auprès des Français, ne sont pas épargnés par cette frilosité accrue. Bien que le mois de juillet ait enregistré un ensoleillement favorable, les campings ont connu une saison en demi-teinte. Selon Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, « le début de saison est un peu décevant », avec des réservations en baisse, notamment pour les mobil-homes, qui sont généralement plus chers. Une enquête réalisée en mai 2025 indiquait que 10 % des Français en moins prévoient de partir en camping cette année par rapport à l’an passé. Cette diminution pourrait s’expliquer par une préférence marquée pour des options d’hébergement plus économiques, telles que les emplacements nus, souvent réservés pour les tentes ou caravanes.
En dépit d’une météo favorable et de quelques régions attractives, la fréquentation des campings reste globalement décevante. Les Français, confrontés à une hausse continue du coût de la vie, semblent réduire leurs dépenses en choisissant des formules moins coûteuses. Ce phénomène se vérifie également dans les campings de la région des Pays de la Loire, où la fréquentation n’a pas été à la hauteur des prévisions. Selon les chiffres de l’INSEE, les réservations d’emplacements nus ont progressé de 5 %, mais les mobil-homes, souvent plus chers, ont vu leurs réservations chuter de 12 %.
Cette tendance est symptomatique d’une volonté générale des vacanciers français de réduire leurs dépenses, quitte à revoir leurs attentes en matière d’hébergement. Si les vacances en camping restent populaires, elles sont désormais perçues comme une option plus abordable, où les vacanciers choisissent des options plus simples et moins onéreuses.
Des dépenses à la hausse malgré tout chez les étrangers
L’été 2025 n’a pas seulement été marqué par une frilosité accrue des Français. Les touristes étrangers continuent de représenter une part importante de la clientèle touristique en France. Selon Jean-Virgile Crance, président de la Confédération des acteurs du tourisme, « les touristes allemands, néerlandais et britanniques, ainsi que les Américains, sont bien au rendez-vous. » Ces vacanciers étrangers, souvent mieux lotis économiquement, continuent d’apporter des recettes aux secteurs du tourisme. Leur pouvoir d’achat plus élevé leur permet de maintenir un niveau de dépenses plus élevé que celui des vacanciers français.
En effet, une étude récente montre que les touristes étrangers dépensent en moyenne 25 % de plus que les Français pendant leurs vacances. Ce phénomène se confirme dans les grandes villes touristiques comme Paris, Lyon et Nice, où les touristes étrangers restent les principaux moteurs des secteurs de l’hébergement et de la restauration. Cette disparité montre que, même si les vacanciers français sont contraints de réduire leurs dépenses, le tourisme en France reste soutenu par la consommation plus élevée des visiteurs étrangers.
Ainsi, alors que les vacanciers français sont plus prudents, les touristes internationaux continuent de stimuler le secteur, apportant un équilibre à une saison touristique marquée par des comportements de consommation plus responsables.