Les Pyrénées cachent un sentier que peu osent emprunter… et la récompense est hors du commun

Dans les recoins moins fréquentés des Hautes-Pyrénées, il existe des sentiers qui racontent une autre histoire de la montagne. Celle du balcon du Rioumajou, perché à près de 2 000 mètres, en est une. Ce circuit, loin des foules et des spots surmédiatisés, dévoile une vallée vivante et sauvage, à quelques kilomètres seulement de Saint-Lary-Soulan. Forêts profondes, torrents glacés, panoramas alpins… Ce coin de nature se mérite, mais ne triche jamais : à chaque virage, il récompense l’effort. Accessible sans être facile, il s’adresse à ceux qui cherchent plus qu’une simple marche. Une expérience de montagne sincère.

Une vallée discrète mais pleine de caractère

Le Rioumajou, c’est d’abord une ambiance. Située à l’écart des grands axes touristiques, cette vallée secondaire de la vallée d’Aure garde un caractère préservé, à la fois rude et accueillant. Le départ se fait depuis Frédancon, accessible par la D19, au départ de Tramezaïgues. Cette route sinueuse longe la Neste du Rioumajou et donne le ton : étroite, encaissée, souvent encombrée en été. Un grand parking gratuit vous y attend, mais mieux vaut arriver tôt pour éviter la foule et profiter du silence matinal.

Dès les premiers mètres, le sentier forestier plonge le marcheur dans une fraîcheur naturelle, bienvenue par temps chaud. La montée est douce et régulière, sans piège technique, ce qui en fait une première partie idéale pour s’échauffer ou marcher en famille. Très vite, la vallée s’ouvre sur une large prairie traversée par un torrent, véritable coulée de fraîcheur qui descend droit des hauts sommets. Cette première section, en plus d’être agréable, met en valeur l’écosystème montagnard local, entre hêtraies, pins sylvestres et pelouses d’altitude où paissent parfois chevaux et vaches.

@vueduciel_sami En route vers la vallée de Rioumajou 🏔️ #avata #avata2 #fpv #drone #video #nature #nature #dji #dji #pov #lac #rioumajou #pyrenees #cascade ♬ How Deep Is Your Love X Glue Time – William Rydh

L’hospice du Rioumajou : halte patrimoniale et paysage ouvert

Après environ une heure de marche, on atteint un lieu emblématique : l’hospice du Rioumajou, à 1 567 m d’altitude. Ancienne halte pour les pèlerins en route vers l’Espagne, cet édifice de pierre au cœur d’une immense clairière raconte une histoire de passage, de refuge et d’endurance. Il est désormais un lieu de pause naturel, où les randonneurs croisent parfois des familles venues simplement pique-niquer.

L’espace s’élargit ici, offrant une vue dégagée sur la partie haute de la vallée, avec ses versants tapissés de forêts et ses crêtes encore lointaines. C’est aussi à ce moment que la randonnée change de ton. Le chemin du balcon, bien indiqué, quitte la relative platitude du fond de vallée pour grimper rapidement vers les pentes. Il faut compter environ 1 heure de montée soutenue, dans un paysage qui alterne clairières dégagées et zones forestières épaisses, avec régulièrement des échappées visuelles sur l’Hospice que l’on laisse en contrebas.

Le balcon : vue aérienne et silence de haute montagne

Arriver au balcon du Rioumajou, à 1 983 m, c’est franchir un cap. L’ambiance se transforme : plus de bruit de rivière, plus de forêt dense, seulement le vent, les roches, et un silence de haute altitude. On découvre alors une vue panoramique exceptionnelle, avec en ligne de mire le Pic de Batoua (3 034 m), mais aussi le ruisseau de l’Estat qui descend en cascade jusqu’à la Neste. Un belvédère naturel, sans barrière, sans aménagement, où la nature est brute mais accueillante.

Ce point de vue est particulièrement apprécié des photographes et des amateurs de faune : vautours fauves, isards ou marmottes s’y montrent parfois. L’absence de réseau téléphonique renforce l’impression d’isolement et de connexion pleine avec le paysage. Il est conseillé de s’arrêter ici longuement, de déjeuner léger, et de profiter des lumières changeantes sur les crêtes. La descente s’effectue ensuite par un autre sentier, qui complète la boucle et ramène en douceur vers l’Hospice, puis le parking.

Comment bien réussir sa randonnée ?

Bien que classée niveau moyen, cette randonnée de 12,5 km et 630 m de dénivelé positif exige un minimum de préparation. Les chaussures à tige haute sont recommandées, surtout pour la montée vers le balcon. Les bâtons de marche peuvent soulager les jambes dans les parties raides. En été, l’eau est indispensable : aucune source n’est garantie potable sur le parcours. Le départ matinal permet d’éviter la chaleur et de croiser moins de monde.

Les chiens sont autorisés, à condition d’être tenus en laisse, notamment en raison de la faune sauvage et des troupeaux en liberté. La randonnée est faisable de juin à octobre, en fonction de l’enneigement tardif. Pour les amateurs de nuit en montagne, le bivouac est toléré en respectant les règles du Parc national : montage après 19h, démontage avant 9h.

La randonnée du balcon du Rioumajou n’est pas un exploit sportif, mais une aventure sensorielle, entre patrimoine, silence, et immersion alpine. Une parenthèse à portée de tous, pour peu que l’on prenne le temps de la vivre pleinement.