En résumé
• Lisbonne est confrontée aux effets néfastes du tourisme de masse.• Le centre-ville se vide de ses habitants à cause des loyers élevés.
• Les tensions augmentent entre résidents et touristes dans la ville.
Lisbonne, autrefois un modèle de destination touristique incontournable, se trouve aujourd’hui confrontée à une crise silencieuse mais profonde. Classée parmi les destinations à éviter par le guide Fodor’s en 2025, la ville n’échappe plus aux effets néfastes du tourisme de masse. Cette inscription dans la No List des villes menacées par un tourisme incontrôlé lance une alerte : la capitale portugaise risque de perdre son âme.
Lisbonne, une ville en train de se vider de ses habitants
Depuis 2013, près de 30 % des Lisboètes ont déserté le centre-ville. La raison ? Une augmentation vertigineuse des loyers et l’invasion des locations de courte durée destinées aux touristes. Aujourd’hui, plus de 60 % des logements du centre historique sont dédiés à l’accueil des visiteurs. Cette gentrification a entraîné la disparition des commerces de proximité et la transformation de quartiers emblématiques comme Alfama ou Bairro Alto en zones touristiques sans vie, surtout la journée. Ces changements ne sont pas seulement visibles dans l’urbanisme, mais aussi dans le quotidien des habitants, qui subissent de plein fouet les nuisances liées à l’afflux massif de touristes.
Lisbonne est désormais l’une des villes les plus chères d’Europe pour ses résidents. Le prix des loyers a considérablement grimpé, ce qui rend la vie impossible pour une grande partie de la population locale. Les familles, jeunes actifs et retraités se retrouvent chassés du centre, créant une fracture sociale de plus en plus visible.
L’effritement du quotidien lisboète
Si Lisbonne est aujourd’hui l’une des villes européennes les plus touristiques, cet afflux de visiteurs a profondément perturbé la vie quotidienne des Lisboètes. En 2024, la capitale portugaise a enregistré une augmentation record de touristes étrangers. Ce phénomène a entraîné des rues bondées, des transports saturés et des attentes interminables devant les principaux sites touristiques. Un quotidien devenu de plus en plus insupportable pour ceux qui vivent et travaillent dans la ville. À tel point que certains résidents préfèrent désormais éviter leur propre centre-ville.
Les tensions entre résidents et touristes sont de plus en plus palpables. Bien que des manifestations contre la touristification de la ville restent rares, les plaintes concernant le bruit, la disparition des commerces locaux et l’aspect de plus en plus “parc à thème” de certains quartiers sont en forte hausse. Ce phénomène, bien qu’il rappelle ce qui se passe dans d’autres grandes villes comme Barcelone ou Venise, touche désormais le cœur même de Lisbonne. Les quartiers historiques, qui faisaient autrefois la fierté de la ville, sont devenus de simples attractions dénuées de leur authenticité, réduisant peu à peu Lisbonne à une ville dénaturée.
Peut-on encore sauver Lisbonne ?
Le classement de Lisbonne parmi les villes à éviter en 2025 n’est pas qu’un simple coup de semonce. Il s’agit d’un appel à une prise de conscience urgente sur les conséquences du tourisme de masse. La capitale portugaise doit absolument repenser son modèle touristique. Le tourisme durable n’est plus une option, mais une nécessité. Comment accueillir sans détruire ? Comment préserver l’âme de la ville sans exclure les touristes ?
Certaines solutions commencent à émerger : plafonnement des locations de courte durée, promotion du tourisme hors saison, ou encore développement d’offres culturelles moins centrées sur les zones saturées. Mais ces mesures, bien qu’intéressantes, nécessitent une volonté politique forte, sans laquelle Lisbonne pourrait bien finir par ressembler à une simple carte postale dénuée de vie locale.