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Pont entre la Tunisie et Sicile

Un pont entre l’Europe et l’Afrique en cours de construction ? Ce qu’il faut savoir

Léa Paci - Il y a 1 jour

En résumé

• Projets de connexion Europe-Afrique par tunnel ou pont, discutés pour 2040 ou 2030.

• Faisabilité technique et enjeux géostratégiques soulèvent débats et espoirs.

• Potentiel touristique et culturel impactant les relations intercontinentales.

Et si deux continents n’étaient plus séparés que par une simple traversée de trente minutes ? Ce qui relevait de l’utopie géopolitique semble aujourd’hui prendre une forme plus concrète : établir un lien physique entre l’Europe et l’Afrique, par un pont ou un tunnel sous-marin à travers la Méditerranée. Qu’il passe par le détroit de Gibraltar ou relie directement la Tunisie à la Sicile, ce projet intercontinental se distingue par son ambition hors norme. Il réveille à la fois les espoirs d’un monde plus connecté et les débats géostratégiques sur les frontières du 21ᵉ siècle.

Des ambitions continentales aux racines anciennes

L’idée d’un lien fixe entre l’Afrique et l’Europe ne date pas d’hier. Dès la fin du 19ᵉ siècle, des ingénieurs européens comme Jean-Baptiste Berlier imaginaient un tunnel reliant Tarifa à Tanger. Le concept fut repris tout au long du 20ᵉ siècle, mais les contraintes techniques, sismiques et politiques freinèrent toute tentative. Aujourd’hui, la résurgence de ces projets, portée par les nouvelles capacités de forage sous-marin et un contexte international en quête de coopération Sud-Nord, relance l’intérêt.

Le tunnel sous-marin du détroit de Gibraltar, récemment réactivé par les gouvernements espagnol et marocain, prévoit une galerie ferroviaire de 42 km, dont 27,8 sous la mer. Selon les premières modélisations techniques, ce serait le plus profond tunnel sous-marin du monde, atteignant 500 mètres par endroits. Une étude de faisabilité est en cours, avec la société allemande Herrenknecht en charge des évaluations techniques et une livraison théorique envisagée autour de 2040.

 

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Un pont entre Tunisie et Sicile : le projet Jean Monnet

Parallèlement au tunnel, une initiative distincte et tout aussi spectaculaire se dessine : le pont Jean Monnet, qui relierait la Tunisie à la Sicile sur plus de 140 km. Porté par le « Centre pour la beauté politique », une ONG autrichienne, ce projet se positionne comme une réponse humanitaire et politique aux flux migratoires souvent meurtriers en Méditerranée centrale. La structure, qui inclurait aussi 1 000 plateformes flottantes de secours, serait terminée à l’horizon 2030, avec un coût estimé à 230 milliards d’euros.

Les concepteurs mettent en avant une vision utopique : faire du pont un symbole de fraternité, un outil de lutte contre les réseaux de passeurs, et une alternative légale et sécurisée à l’exode par embarcations précaires. Mais les interrogations sont nombreuses, tant sur la faisabilité technique que sur l’impact environnemental et les implications diplomatiques.

Les réalités géopolitiques et logistiques

Qu’il s’agisse du tunnel ou du pont, ces projets nécessitent une coordination interétatique sans précédent. L’Union européenne, bien qu’invitée à financer, se montre encore prudente, tandis que le Maroc et l’Espagne mènent leurs efforts bilatéraux. Les défis logistiques ne manquent pas : profondeur marine, sismicité, circulation maritime dense, protection des écosystèmes.

S’ajoute une dimension politique forte : relier l’Afrique à l’Europe, ce n’est pas seulement construire une infrastructure, c’est aussi reconfigurer les représentations géographiques, économiques et symboliques des deux continents. Ce lien physique questionne la gestion des frontières, la mobilité des personnes, mais aussi la souveraineté des territoires traversés.

L’attrait touristique d’un axe intercontinental

Au-delà des considérations politiques, un tel ouvrage représenterait un atout touristique considérable. On imagine déjà des trains panoramiques traversant les flots ou un pont suspendu attirant curieux et voyageurs. Comme le tunnel sous la Manche l’a fait pour l’Angleterre et la France, une liaison Afrique-Europe pourrait devenir une porte d’entrée stratégique pour les flux touristiques, économiques et culturels.

Tanger, Gibraltar, Palerme ou Sfax verraient leur statut évoluer en véritables hubs intercontinentaux, mêlant hébergements modernes, circuits patrimoniaux et infrastructures de transport multimodales. L’essor d’un tel projet pourrait redessiner la carte du tourisme eurafricain, en connectant directement deux mondes trop souvent séparés par l’histoire et la géographie.

 

Une vision du futur entre rêve et pragmatisme

Ce mégaprojet continental n’en est qu’à ses balbutiements. Entre études de faisabilité, quêtes de financement, débats publics et impératifs écologiques, le chemin reste long avant que ne jaillisse du béton ou de l’acier entre deux rives.

Pourtant, dans un monde, où les distances se réduisent à mesure que les crises s’intensifient, relier l’Afrique et l’Europe par un pont, autrement qu’à travers le prisme migratoire, pourrait devenir un levier de coopération historique. En ce mois d’avril 2025, il est encore permis de rêver – tout en gardant les pieds fermement ancrés sur les terres (et les eaux) à relier.

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Léa Paci - Il y a 1 jour

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