En résumé
• Fréquentation record à La Réunion en 2024, mais baisse des recettes touristiques.• Touristes dépensent moins : hébergements abordables, séjours courts et réductions des extras.
• Offre aérienne réduite et coûts de transport élevés pèsent sur le budget des visiteurs.
Chaque année, La Réunion attire des centaines de milliers de touristes venus admirer ses paysages spectaculaires, gravir le Piton de la Fournaise ou savourer sa gastronomie métissée. En 2024, l’île a battu un nouveau record de fréquentation. Pourtant, derrière cet engouement, un paradoxe frappe l’économie locale : les recettes touristiques sont en baisse. Pourquoi les caisses se vident-elles alors que les visiteurs affluent ? Décryptage d’une situation inattendue.
Une fréquentation record, mais un paradoxe économique
La Réunion a accueilli 556 534 touristes internationaux en 2024, un chiffre en légère hausse par rapport à l’année précédente. Pourtant, les professionnels du secteur ne se réjouissent pas autant qu’on pourrait l’imaginer. Malgré ce nouveau record de fréquentation, les recettes touristiques de La Réunion reculent, plongeant l’industrie dans une situation paradoxale.
L’inflation, la diminution de l’offre aérienne et le changement des habitudes de consommation pèsent sur les revenus du secteur. À l’heure où le tourisme est censé être un moteur économique pour l’île, pourquoi les chiffres financiers ne suivent-ils pas ?
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Une île toujours plus prisée, mais des visiteurs plus économes
La France métropolitaine reste le premier marché émetteur avec plus de 80 % des visiteurs. Derrière, l’océan Indien représente 11,6 % des arrivées, suivi de l’Europe avec 5,8 %. Cette répartition montre une dépendance forte aux voyageurs français, un point clé pour comprendre les tendances actuelles.
Si les chiffres de fréquentation sont encourageants, la dépense moyenne par touriste diminue. Face à une conjoncture économique difficile, les voyageurs privilégient les séjours courts, réduisent leurs dépenses en restaurants, activités et souvenirs, et optent davantage pour des hébergements plus abordables, comme les locations saisonnières ou les séjours chez des proches. Le panier moyen touristique s’amenuise, impactant directement les revenus des hôteliers et des restaurateurs.
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Une offre aérienne vers La Réunion sous tension
L’une des principales explications de cette baisse des recettes tient à la réduction du nombre de sièges disponibles entre la France et La Réunion. Avec moins de vols et des billets d’avion plus chers, les touristes arrivent sur l’île avec un budget déjà entamé par le coût du transport. L’éventualité d’une taxe sur les billets d’avion en 2025 inquiète aussi les professionnels, qui redoutent un effet dissuasif sur la venue des voyageurs.
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Le tourisme local en berne
Autre phénomène marquant : la baisse du tourisme réunionnais sur l’île elle-même. Les habitants de La Réunion voyagent de plus en plus à l’étranger, notamment vers l’île Maurice, où les offres tout compris sont souvent plus attractives qu’un séjour sur leur propre territoire. Cette fuite des touristes locaux se traduit par une chute de 15,8 % du nombre de séjours internes, un manque à gagner considérable pour l’économie locale.
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Quels leviers pour inverser la tendance ?
Pour contrer cette dynamique, les acteurs du tourisme réunionnais devront adapter leur offre et redoubler d’efforts pour encourager une consommation plus forte sur place. Le développement de forfaits attractifs, la mise en avant de circuits touristiques originaux et une stratégie plus ciblée pour diversifier la clientèle internationale pourraient permettre d’atténuer ces effets. L’enjeu est clair : transformer l’afflux de visiteurs en une manne économique réelle.