Léa Paci -
Il y a 3 jours En résumé
• Annecy subit un tourisme de masse étouffant, poussant les habitants à fuir chaque été.• Le lac du Bourget offre un refuge paisible, avec moins de touristes et de prix abordables.
• Un tourisme durable est promu au Bourget, en contraste avec la surcharge à Annecy.
Quand les premières chaleurs estivales s’installent sur les rives du lac d’Annecy, l’atmosphère devient étouffante — et pas seulement à cause des températures. Embouteillages, plages saturées, parkings pris d’assaut, files interminables aux terrasses : pour beaucoup d’habitants, l’été rime avec fuite. Mais fuir où, quand on habite un coin déjà prisé ? La réponse se trouve à seulement quelques kilomètres au sud-ouest, sur les rives d’un autre lac alpin : le lac du Bourget. Plus grand, moins fréquenté, tout aussi majestueux. Une échappée que les locaux connaissent bien… mais que peu de touristes soupçonnent encore.
Annecy sous pression : une ville en surchauffe estivale
À Annecy, le nombre de visiteurs a doublé en à peine dix ans. Avec plus de 3 millions de nuitées touristiques annuelles selon l’INSEE, la « Venise des Alpes » subit de plein fouet les effets du tourisme de masse. En juillet et août, le centre-ville devient difficilement praticable. Les habitants parlent d’un quotidien « invivable », entre nuisance sonore, saturation des infrastructures et hausse des loyers saisonniers. Certains commerces, jadis généralistes, se spécialisent uniquement pour les vacanciers, au détriment des besoins locaux.
L’ambiance de carte postale, immortalisée par les réseaux sociaux, attire une foule dense qui modifie profondément les usages. Cette situation pousse une partie de la population à fuir le bassin annécien chaque été. Et une destination revient avec insistance : le lac du Bourget, situé à une trentaine de kilomètres.
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Le lac du bourget, entre grandeur, silence et authenticité
Avec ses 44,5 km² de superficie (contre 27 pour Annecy), le lac du Bourget est le plus grand lac naturel d’origine glaciaire situé entièrement en France. Mais sa notoriété reste discrète. Entouré de montagnes sauvages et de villages authentiques comme Chindrieux ou Chanaz, il offre un décor aussi spectaculaire que paisible. C’est précisément ce que recherchent les locaux en quête de répit.
La ville thermale d’Aix-les-Bains, adossée à la rive est, accueille une population plus familiale, souvent plus âgée, et bien moins bruyante. Les plages y sont vastes, ombragées, et les eaux d’un bleu profond offrent une baignade réputée pour sa qualité — classée parmi les plus pures d’Europe.
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Surtout, ici, pas de foule compacte pour envahir les quais dès 9 heures du matin. Le rythme est différent, plus lent, plus fluide. Une cohabitation plus harmonieuse s’installe entre visiteurs et résidents. Un équilibre qui s’explique aussi par un tourisme moins international, plus régional, parfois même intergénérationnel.
Une culture locale préservée, un tourisme mieux réparti
Contrairement à Annecy, où les prix flambent l’été, la vallée du Bourget résiste encore à la spéculation estivale. On y trouve encore des restaurants qui ne vivent pas uniquement de la saison, des producteurs locaux visibles sur les marchés toute l’année et un artisanat ancré dans la vie quotidienne.
L’abbaye d’Hautecombe, perchée sur la rive occidentale, incarne cette richesse historique que l’on prend le temps de découvrir. Les sentiers de randonnée du Mont Revard ou de la Dent du Chat permettent des échappées naturelles sans croiser une centaine de marcheurs par heure.
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Du côté des autorités locales, le développement du tourisme durable est devenu une priorité. Aix-les-Bains s’est engagée depuis 2023 dans un plan de limitation du flux automobile autour du lac, avec mise en valeur des mobilités douces et des navettes lacustres. Une politique inverse à celle observée autour du lac d’Annecy, où la croissance reste largement subie.
Vers un déplacement de l’attractivité estivale ?
À l’approche de l’été 2025, les signaux sont clairs : les habitants d’Annecy continuent de migrer temporairement vers le Bourget dès que la haute saison débute. Certains y ont même acheté une résidence secondaire pour fuir leur ville devenue trop touristique. Les hébergements alternatifs (gîtes, chambres d’hôtes, campings nature) y fleurissent, mais sans rompre l’équilibre local.
Reste une question : ce paradis discret pourra-t-il le rester ? Si les tendances actuelles se confirment, le lac du Bourget pourrait connaître dans les années à venir une montée progressive de fréquentation. Les élus semblent en avoir conscience, et misent sur une croissance raisonnée, à rebours du modèle annécien.
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Alors que les beaux jours approchent, et que les habitués s’apprêtent à contourner les bouchons d’Annecy, une certitude émerge : le refuge préféré des locaux n’a rien d’un secret absolu, mais tout d’un choix réfléchi. Un havre, où l’on respire encore, à l’abri des foules et des clichés.
Léa Paci -
Il y a 3 jours