Incendies records, évacuations massives : la Grèce, la France, la Turquie et la Bulgarie en proie à la canicule infernale

Le thermomètre s’emballe et les flammes suivent le mouvement. Depuis plusieurs jours, la Grèce, la France, la Turquie et la Bulgarie font face à une vague d’incendies d’une rare intensité. Les images de collines en feu, de colonnes de fumée à perte de vue et de milliers de personnes évacuées en urgence rappellent cruellement que l’été 2025 s’annonce déjà comme un cauchemar climatique. Et ce ne sont pas les 50 degrés affichés à l’ombre dans certaines régions qui vont calmer le jeu.

Le sud de l’Europe en feu : un cocktail explosif entre canicule et sécheresse

Impossible de parler de simple “épisode de chaleur” cette fois. En Turquie, le mercure a battu tous les records : 50,5 °C enregistrés à Silopi, du jamais-vu dans le pays. Résultat ? Des dizaines d’incendies simultanés, des villages évacués à la hâte, et une mobilisation dantesque de plus de 25 000 pompiers dans tout le pays. À Bursa, plus de 1 700 personnes ont été contraintes de fuir leur maison. Le gouvernement a même déclaré certaines provinces comme Izmir et Bilecik “zones sinistrées”, relate BFM TV.

En Grèce, même combat : le thermomètre flirte avec les 44 °C et la végétation, déjà sèche comme de la paille, ne demande qu’une étincelle pour partir en fumée. Plus de 50 feux ont été recensés en 24 heures dans tout le pays, notamment sur l’île d’Eubée, en Attique et en Crète. Les pompiers, appuyés par des avions bombardiers d’eau, mènent ce qu’ils appellent eux-mêmes une “bataille titanesque” contre les flammes. À Chania, plusieurs habitations ont été ravagées, et des évacuations massives ont eu lieu dans l’urgence, parfois même au cœur de la nuit.

En Bulgarie, l’alerte est également maximale. La moitié du pays est passée en vigilance rouge, avec des incendies particulièrement virulents près de la frontière serbe. L’armée a été déployée pour renforcer les pompiers, et l’Union européenne a été sollicitée pour prêter main-forte.

Et la France dans tout ça ? Si la situation est légèrement moins dramatique que chez ses voisins, certaines régions du sud — notamment la Provence, la Corse et l’Hérault — ont déjà connu plusieurs départs de feu, favorisés par des températures dépassant les 40 °C, des vents soutenus et une sécheresse persistante. Dans l’Hérault, un feu a parcouru plus de 600 hectares en quelques heures, forçant les autorités à fermer temporairement l’A9 et à évacuer un camping entier.

Évacuations en série, forêts en fumée et saison touristique en péril

Derrière ces incendies, ce sont des milliers de vies qui basculent en quelques instants. En Turquie, au moins 13 personnes ont perdu la vie, dont 10 secouristes, après l’explosion d’un véhicule-citerne lors d’une mission d’évacuation. En Grèce, des blessés sont à déplorer parmi les pompiers et les habitants, notamment à cause des brûlures et des inhalations de fumée. Le ministre grec de la Crise climatique a d’ailleurs déclaré que “chaque minute compte, chaque feu est une course contre la montre”.

Les dégâts environnementaux sont eux aussi colossaux. Des milliers d’hectares de forêts sont partis en fumée. En Eubée, les pins maritimes qui couvraient les collines ont disparu, réduits en cendres. En Turquie, des réserves naturelles abritant lynx, loups et oiseaux rares ont été touchées. En Bulgarie, plusieurs parcs nationaux sont désormais à risque, et les écosystèmes fragiles paient un lourd tribut.

Côté tourisme, la saison estivale vire à la catastrophe pour certains. En Crète, des hôtels ont été évacués, des plages interdites d’accès, et certains vols annulés à cause de la fumée. En France, les campings installés à proximité des zones boisées sont sous haute surveillance, et les réservations commencent à trembler face aux risques accrus. Les professionnels du secteur croisent les doigts pour éviter une répétition du chaos de l’été 2022 en Gironde.

Face à l’ampleur de la situation, l’Union européenne active peu à peu son mécanisme de protection civile. Des avions bombardiers d’eau français, italiens et espagnols sont venus prêter main-forte à la Grèce et à la Turquie. Mais la simultanéité des incendies dans plusieurs pays complique la coordination. La commissaire européenne à la gestion des crises, Janez Lenarčič, a rappelé la nécessité “d’anticiper davantage face à des étés qui deviennent structurellement dangereux”.