
En résumé
• Schiphol augmente ses taxes aéroportuaires de 37 % d'ici 2027.• Cette hausse pèse lourd sur les compagnies et augmente les prix des billets.
• Modernisation justifiée, mais critiquée pour manque de transparence et impact social.
L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol vient d’annoncer une hausse progressive de 37 % de ses redevances aéroportuaires d’ici 2027, une décision qui secoue le secteur aérien européen. Derrière ce chiffre se cache une volonté affichée de moderniser les infrastructures, mais aussi une pression accrue sur les compagnies aériennes, déjà mises à rude épreuve depuis la pandémie.
Dans ce contexte de fragilité, cette augmentation soulève de nombreuses critiques et ravive le débat sur le partage des coûts dans l’aviation. Les passagers, eux, risquent de faire les frais de cette décision stratégique, à travers une hausse attendue des prix des billets au départ et à l’arrivée de Schiphol.
Une augmentation qui tombe mal pour un secteur encore convalescent
Entre 2025 et 2027, les taxes facturées par Schiphol augmenteront par paliers : +14,8 % en 2025, +9 % en 2026, puis +10,5 % en 2027. Ce cumul de 37 % est d’autant plus mal perçu qu’il intervient dans une période où le secteur aérien tente encore de retrouver sa stabilité après la crise sanitaire.
Les compagnies aériennes estiment que cette hausse constitue une charge supplémentaire difficile à absorber. Alors que les coûts du carburant, des salaires et de la maintenance explosent, la décision de Schiphol alourdit encore la facture des transporteurs.
Pour de nombreux acteurs, cette décision apparaît déconnectée de la réalité économique. Airlines for Europe, la principale organisation représentant les grandes compagnies du continent, dénonce une logique de rentabilité à court terme, sans vision stratégique partagée avec les opérateurs aériens.
En augmentant les taxes sans concertation véritable, Schiphol prend le risque d’aggraver la défiance entre l’aéroport et ses partenaires, au détriment de la coordination nécessaire dans un secteur aussi interdépendant.
Les passagers, maillon faible d’un modèle déséquilibré
Dans un marché où la répercussion des coûts est inévitable, ce sont les passagers qui risquent de subir les effets les plus visibles de cette hausse tarifaire. Un vol au départ ou à destination d’Amsterdam coûtera probablement plus cher, ce qui pourrait pénaliser la compétitivité de Schiphol face à ses voisins directs comme Francfort, Bruxelles ou Paris-CDG.
Pour les voyageurs, cette augmentation s’ajoute à une tendance générale à la hausse des prix, alimentée par l’inflation et les politiques de transition écologique. Les billets low-cost risquent d’être les premiers touchés, rendant les déplacements moins accessibles à certaines catégories de population.
Cette orientation interroge : l’effort de transformation écologique de l’aérien doit-il se faire au détriment de l’accès à la mobilité ? Schiphol semble répondre par l’affirmative, en ciblant directement ceux qui empruntent ses infrastructures.
Alors que la mobilité aérienne reste un outil fondamental de connexion entre les territoires, cette augmentation fragilise l’un des principes fondateurs du transport aérien : l’accessibilité pour le plus grand nombre.
Une modernisation qui masque des priorités contestées
Schiphol justifie cette hausse par la nécessité de moderniser ses installations et de renforcer la sécurité, la digitalisation et les objectifs environnementaux. Ces projets sont coûteux, mais essentiels selon l’aéroport pour répondre aux exigences du trafic futur.
Toutefois, plusieurs observateurs dénoncent une opacité dans l’utilisation des fonds. Ils pointent une stratégie qui repose davantage sur le transfert des coûts que sur l’optimisation de la gestion. Les compagnies aériennes parlent même d’une forme de double peine : des services parfois dégradés, couplés à des coûts en hausse.
Cette politique fait écho aux précédentes critiques visant Schiphol, notamment sur les files d’attente interminables, les suppressions de vols imposées pour des raisons environnementales, ou encore les conditions de travail des personnels au sol.
L’image de Schiphol en tant que hub performant et moderne est aujourd’hui remise en question. La hausse des redevances pourrait bien accélérer le désengagement de certaines compagnies, voire leur redéploiement vers d’autres plateformes plus compétitives.